Citations

«Il faut toujours faire confiance aux scénaristes qui lisent.» Alessandro Baricco. Une certaine vision du monde.

jeudi 3 mai 2012

Un scénariste déprimé



 On pourrait résumer que le rôle d’un scénariste c’est d’organiser la matière narrative en un tout cohérent et, surtout, de prévoir la fin du récit. S’assurer que tous les éléments qu’il met en scène tendent vers une résolution. Je m’amuse souvent lors de la lecture d’un livre ou du visionnement d’un film à essayer de deviner la fin à partir des éléments qui me sont offerts en cours de récit.

Or, en regardant ce que l’on appelle «le conflit étudiant», il me semble de plus en plus deviner une certaine fin et cela m’inquiète. Il semble bien qu’il y ait un scénariste derrière la stratégie du Parti Libéral et il semble avoir mis la table afin de préparer des élections.

Ce parti va se dire incapable de résoudre le conflit à cause de l’intransigeance des étudiants et va s’en remettre à l’électorat afin que ce soit les électeurs qui décident du bien fondé ou du rejet de la hausse des frais de scolarité.

Or, il pourrait bien remporter les prochaines élections. On parlera moins de corruption et des dossiers qui ont entaché la crédibilité du Parti Libéral ces dernières années et Jean Charest se présentera comme celui ayant tenu tête aux têtes fortes et aux têtes folles estudiantines.

Et une grande partie de la population va le suivre sur ce sentier. Surtout ceux qui ne s’abreuvent qu’à certains médias traditionnels. Surtout qu’il ya en ce moment des nouvelles beaucoup plus importantes, tel l’embauche d’un nouveau directeur général pour le Canadien de Montréal. Un gouvernement libéral réélu aura alors beau jeu de dire qu'il a toujours eu raison dans ce conflit.

Quant aux étudiants, bien qu’ils soient nombreux, ils ne pèseront pas assez lourds dans la balance. Et tous ceux derrière le mouvement ? Les profs contre la hausse ? Les artistes contre la hausse ? Les intellectuels contre la hausse ? Les écrivains contre la hausse ? Une bande de barbus gauchistes qui n’auraient pas, de toute façon, voté pour le Parti Libéral. J’ironise. Alors, la stratégie me semble de plus en plus claire. Il y a vraiment un scénariste derrière tout cela.

Tout cela me déprime ce soir. Le goût amer d’avoir l’impression de faire le jeu du Parti Libéral. J’espère sincèrement me tromper. En attendant, pour me changer les idées, je vais aller écouter un peu de musique. Du Renaud, tiens. «Hexagone». Ça parle d’un certain mois de mai.

«Ils se souviennent au mois de mai
D’un sang qui coula rouge et noir
D’une révolution manquée
Qui faillit renverser l’histoire

Je me souviens surtout de ces moutons
Effrayés par la liberté
S’en allant voter par millions
Pour l’ordre et la sécurité»

Rien à faire. Toujours déprimé.

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